Crista Castellanos
  • Alchimies
  • Créatrices
  • Yoga
  • Images
  • A propos de moi
  • English
  • Español
  • Français
  • 0
AlchimiesCréatricesMotsYoga

So Purkh, une expérience personnelle

by Crista Castellanos juillet 28, 2020
written by Crista Castellanos

« Là où tu ne peux pas créer, ne t’attarde pas » CC

Le So Purkh fonctionne vraiment? me demande une amie. Il y a de cela quelques mois, quand je lui racontais que pour la première fois j’ai terminé une quarantaine avec ce mantra. Me suis-je ensuite demandé, qu’est ce qui prouve que ça fonctionne? Qu’est ce qui m’a amené à le réciter pendant quarante jours?


Le So Purkh est un Shabad du Sikhisme écrit par Guru Ram Das et dont la pratique est particulièrement recommandée aux femmes. Parmi ses bénéfices les plus reconnus, le So Purkh influe sur les manifestations du divin masculin (sans que ce soit un homme divin) dans nos vies. Mon expérience personnelle m’a permis de comprendre comment, plus avant de mes deux motivations initiales, réciter le So Purkh, ouvre un chemin de réflexion quant à l’importance de soigner ses modèles relationnels.

Première motivation: «nettoie le karma de tes relations avec les hommes du passé»

Y a-t-il un meilleur argument “de vente” pour le So Purkh? Autrement dit: qui ne souhaiterait pas nettoyer le karma de ses relations passées? Qui n’a pas envie de se mettre en relation sans peur, ni douleur des expériences antérieures? De tous les bénéfices qu’il est possible d’en tirer, c’est celui qui s’est révélé le plus attractif à mes yeux. Non sans surprise, j’ai découvert que de lâcher une relation karmique, n’est que la pointe visible de l’iceberg, en comparaison du profond processus de nettoyage activé par ce shabad. Méditer avec le So Purkh m’a révélé qu’il ne s’agit pas simplement de guérir d’une relation en particulier, mais de découvrir les patrons que je reproduisais dans presque toute mes relations.

Peut-être que ces questionnements résonneront en toi: pourquoi j’investis plus d’énergie dans mes relations avec l’autre que dans ma relation avec moi-même? Pourquoi je fais des efforts créatifs pour les projets des autres, alors que je ne le fais pas pour les miens? Pourquoi j’attends la «compagnie parfaite» pour faire ce voyage, ou je ne cuisine pas pour moi-même avec autant d’amour que lorsque je cuisine avec de la compagnie? Il est possible que cette attente constante de l’autre ne se limite pas seulement aux liens avec le sexe opposé. Associés, collègues, compagnons créatifs entrent aussi dans lot des «autorités auto-imposées», ces personnes à qui, d’une certaine manière, nous leurs demandons la permission de créer.

Partager est beau et agréable, mais faire que les autres personnes soient le moteur incompressible pour tout type de manifestation, fragilise la confiance en soi et le pouvoir créatif. Peut-être que nous faisons de cela une excuse, un prétexte: si le projet ou la relation ne fonctionne pas nous saurons sur qui remettre la faute. Et nous les accusons y compris lorsqu’ils ne sont pas là. Et ces reproches? Sont-ils dirigés à quelqu’un d’autre ou sont-ils en réalité dirigés à moi-même? Et ce grand saboteur, serait-il pas en moi par hasard? Qui, si ce n’est moi, lui donne la force et l’alimente par cette voix désobligeante? «Voilà le karma de mes relations passées» me suis-je dit, «il est venu le temps du So Purkh».

Deuxième motivation : attirer un homme divin pour qu’il soit ton compagnon.

Qui accepte son désir, accepte aussi son pouvoir. Soignér tes blessures à force de sur-analyse c’est comme apprendre à nager sans s’être jamais jeté à l’eau. La première fois que j’ai récité le So Purkh les effets ont été absolument surprenants: pas d’un homme mais de deux. Il n’y a pas de drame à raconter ni de fin à la Disney. Ce qui est sûr, très sûr, c’est que j’ai attiré deux miroirs et deux invitations à transformer en moi ce que je critiquais en eux. Alors, je me suis demandé si mes habitudes et mes pensées étaient vraiment au service de mon évolution. La tâche, pour le moins délicate, de questionner ma routine et tout ce qui n’aidait pas à construire ma confiance en moi, m’a montré que le masculin en déséquilibre tend à abuser du féminin, y compris sous la forme d’une plante.

Je sens que le So Purkh a un effet de purge similaire à celui d’autres médecines. Les cérémonies avec les plantes de pouvoir ne terminent pas une fois que tu rentres chez toi. La méditation ne se termine pas au moment de laisser le mat. Dans l’obscurité de la chambre et loin, très loin de la pensée neutre, seul me restait un ancrage: respirer. Je ne méditais pas dans le but de trouver un nouvel amour, je voulais seulement trouver la paix avec moi-même. La paix qui fleurit avec l’intention volontaire du pardon comme cadeau: me pardonner le fait d’être restée longtemps dans une rétation où je ne pouvais pas aimer ni créer.

Pour finir : trois effets prouvés du mantra So Purkh.

Voici certains des premiers effets du So Purkh dans ma vie, par la manifestation de l’équilibre de l’énergie masculine et féminine en moi :

1. Le courage qui surpasse la voix négative.

J’ai mis mon énergie au service de ce que je veux créer et voir croître, au-delà de la peur du résultat. Je me suis engagée à faire de mon mieux de manière honnête et sans jugement. Ce qui avant était une paralysante recherche de la perfection, a été remplacé, petit à petit, par la recherche d’une authentique connexion avec l’autre (intention créative).

2. Créer et materialiser…

… des idées qui étaient en suspens. Écrire sur les outils qui ont transformé ma vie, le So Purkh et ses effets est un exemple. Pour aller plus loin que les indications basiques du comment et du pourquoi réciter ce shabad, je me donne la possibilité de parler depuis l’expérience personelle et non depuis l’expertise. Je suis en recherche consciente de valider ma propre voix.

3. Partager.

Ma version favorite du So Purkh résonne en moi encore à cet instant même. Il m’accompagne pendant que j’écris. Peut-être que c’est une des nombreuses manières de méditer avec ce shabad: pendant que j’écris, que je dessine ou que je crée des images. Entreprendre un projet en pleine connexion avec le masculin et le féminin en moi, c’est allumer et nourrir mon feu intérieur. J’alimente la confiance que j’ai en moi, je partage ce que je fais et j’arrête de me cacher. C’est ce qui est pour moi « soigner ».

Images et mots de Crista

juillet 28, 2020 0 comentarios
CréatricesMotsVidéos

Entretien avec Keltoum Walet

by Crista Castellanos août 14, 2018
written by Crista Castellanos

Keltoum Walet à Bogotá, Colombie. Mars 2018.


Le projet “Keltoum Walet, musique et paix du Mali à la Colombie” a rendu possible le voyage de l’artiste malienne à Bogotá, avec son groupe de musiciens. Une visite enrichie par des rencontres avec des artistes locaux, des ateliers de musique et un échange avec des femmes œuvrant pour la paix telles que Fidelina Hurtado de l’association AGAPE por Colombia et Gloria Huertas du Comite Distrital de Mujeres Indígenas.
Productrice du premier album du groupe Tinariwen, avec qui elle a chanté en duo, Keltoum est aujourd’hui une artiste qui à travers la poésie, la peinture et la musique, partage sa vision du monde et contribue à éveiller les consciences. Lors de la réalisation de la vidéo sur sa visite, j’ai eu l’opportunité de prendre un temps privilégié avec elle pour parler de l’importance de ne pas taire nos voix et de contribuer à la construction d’un monde conscient.
Merci à elle pour le temps consacré et ses paroles d’inspiration. Merci a Milo Cabieles et Gianmarco Vassalli pour rendre possible des belles rencontres.

Crista: Qui est Keltoum Walet, d’après toi ?
Keltoum: Je suis une artiste, je suis écrivain, poète, peintre et chanteuse. Je suis tout cela car je cherche à transmettre quelque chose que le désert m’a donné. Quand je peins je cherche à restituer ce que je ressens. Quand j’écris, je ne peux m’empêcher de dire ce que je pense du monde d’aujourd’hui. Un monde en constante mutation, dans lequel l’être humain crée des choses sans savoir s’il pourra les contrôler. Je me pose des questions par rapport à tous ces changements et face au chemin que l’humanité est en train de prendre.
C: Être artiste fût une décision que tu as prise consciemment ?
K: Oui. Depuis toute petite j’ai voulu comprendre des choses qui paraissaient très simples. Des idées que nous considérons comme acquises et fixes. Notre compréhension  du bien et du mal par exemple. Je me suis questionnée sur l’influence de la culture dans notre notion personnelle de ces concepts, de la forme dans laquelle ils sont en relation et leur relativité. Qui suis-je pour juger ou critiquer la manière d’agir des autres ? Qu’est-ce que la liberté pour moi et sa limite ? Est-ce que ma liberté peut nuire à autrui ? Je pense que tous ces thèmes méritent que l’on s’y attarde. Tôt ou tard ils nous affecterons. Et ceci est valable pour toute la planète, nous sommes dans un système qui bafoue la dignité humaine, les croyances de ce qui est essentiel. Tout ceci m’a fait voir que ce qui alimente la violence est surtout notre silence et notre indifférence face à la douleur d’autrui.
C: Quand as-tu eu des doutes quant à suivre ton chemin créatif et comment les as-tu surpassés ?
K: Déjà toute petite j’aimais dessiner. Mon enfance a été bercé par le dessin. Un jour, en vacances dans le désert, quelqu’un m’a dit que je ne devrais pas dessiner des êtres vivants. Que si je le faisais, je devais leur donner une âme. J’ai eu peur et j’ai arrêté de dessiner, car j’ai pensé que je ne pouvais pas donner une âme à ce que je créais. Quelques années plus tard, au moment de m’en aller de mon pays, je me suis rendu compte que dessiner était une activité à laquelle je devais revenir. Je devais dessiner parce que c’était quelque chose que j’aimais profondément. J’ai alors pris la décision d’étudier les Beaux Arts. Je ne suis pas arrivé à abandonner ma passion. On n’abandonne pas son rêve. De plus, je pense que c’est l’unique façon de savoir si notre rêve est possible.

 

 

C: ça aurait été comme t’abandonner toi-même…
K: Exactement. Plus d’une fois j’ai écouté des gens de mon continent dire qu’il y a des choses impossibles. Il me semble que dans les réponses des africains il est fréquent d’entendre qu’on ne peut pas faire telle ou telle chose parce que nous avons été colonisés. Ils se plaignent, ils disent que les autres pays ne nous laissent pas avancer, qu’ils nous volent nos ressources. Nos circonstances ne changent pas et visiblement, c’est tout le temps la faute des autres et leur responsabilité. Nous avons obtenu l’indépendance mais nous ne la ressentons pas et nous ne l’assumons pas non plus.  Nous vivons dans nos pays où tout est à refaire, mais nous avons pris l’habitude de rester au même point tout en accusant la colonisation. Mais que faisons-nous pour changer les choses ? Qu’est-ce que nous devons faire individuellement pour changer ce qui est en train de se passer ? Voila la vraie question.
C: La double colonisation a été l’un des sujets abordés dans l’échange “Femmes, art et paix”, je me rappelle que Gloria Huertas l’a mentionné dans le cadre de la situation des femmes indigènes en Colombie. Quelle a été pour toi l’expérience de la liberté d’expression artistique en tant que femme au Mali ?
K: Je suis de la communauté Kel Tamasheq (Touareg). Avant l’arrivée de l’Islam notre culture était matriarcale et aujourd’hui malgré l’Islam, les femmes ont gardé leur pouvoir de dire oui ou non lorsqu’elles le désirent. Je crois que c’est pour cela que toute ma vie je me suis considérée comme une personne libre, tout simplement. Au-delà d’être femme ou homme, nous sommes des êtres humains. Ce qui m’intéresse c’est ce qui nous unis, pas ce qui nous sépare. Traditionnellement, la culture d’où je viens donne la liberté à la femme, si je ne venais pas de cette culture peut-être que je penserais autrement. Cependant, je me considère féministe parce que je suis d’accord avec toute émancipation respectueuse de la femme et cela à tous les niveaux. Même s’il y a encore beaucoup à faire, surtout dans la prise de confiance en nous mêmes. Mentalement nous continuons à être colonisées en pensant que nous ne sommes pas capables de faire ce que nous voulons et que nous ne sommes pas capables d’influencer le changement. Dire que la vie est injuste et voilà ! C’est la manière commune pour échapper à notre propre responsabilité.

 

Keltoum Walet y su Sahara Blues Band, avec les artistes Milo Cabieles, Gianmarco Vassalli, Jhon Páez Novack, Gina Collazos, Victoria Laverde, Zarys Falcon et Cristhian Salazar.

 

C: Voilà une des raisons pour laquelle tu chantes ?
K: Oui. Et ce que je fais c’est ma contribution. Mon premier album Chatma (Mes Soeurs, 1994) je l’ai distribué gratuitement. Lorsque j’ai vu que mes chansons mobilisaient les gens, que les paroles gêneraient des conversations, des échanges de points de vue, j’ai senti que je devais continuer. Finalement je ne sais pas si la cause de ces conversations fût-ce que j’ai créé à travers ma musique, mais dans tous les cas je sais qu’il y a eu une surprenante coïncidence. Je sens que le conflit qui a eu lieu dans mon pays est un sujet devant lequel je ne peux pas rester indifférente. En voyant la recrudescence de la violence en 2012, j’ai décidé de reprendre la musique et d’en faire mon chemin.
Quand à la fin d’un concert les personnes s’approchent pour me dire qu’elles se sentent touchées et qu’elles s’identifient à mes paroles, je me rends compte que je ne suis pas seule dans ma lutte. Cela m’est arrivé aussi ici, après avoir chanté à l’Université des Andes et au Musée National. Le fait que ce soit des jeunes qui viennent me dire qu’ils sont touchés par ce que je raconte, m’anime et me fortifie. Je veux que mon art génère des rencontres.

 

Les musiciens: Kalil Toure, Mamadou Sissoko, Alassane Samaké y Yawe Kone.

C: Pour finir, revenons à l’idée du désert. Tu as parlé dans les deux concerts de l’importance de ce lieu dans ta culture. Pourrais-tu nous parler de nouveau de ce que cela symbolise pour toi ?
K: Je pense que le désert peut à la fois être un paradis comme un enfer, ceci dépend de chacun. Ce n’est pas une coïncidence si les prophètes y ont reçu le message ou la vérité. Le désert les a inspirés. Le mot pour dire désert en Tamasheq est Ténéré, qui signifie vide et solitude. Et c’est précisément au milieu de cette vaste étendue que tu te rends compte que tu n’es rien. C’est un lieu qui enseigne l’humilité. Pour survivre nous devons être attentifs et le plus important : nous devons partager. S’entreaider les uns et les autres au milieu de nulle part, c’est vital. C’est une question de survie. Celui qui ne partage pas est seul et infiniment petit. C’est ainsi que le désert nous fortifie et nous recharge. On ne l’échangerait pour rien au monde. C’est comme un amant avec lequel nous retournons toujours, les oiseaux migrateurs reviennent toujours à leur maison d’origine.

Entretien et photographies réalisés par Crista Castellanos. Contenu verifié et corrigé par Apolline de Lavarde et Keltoum Walet.

 


 

 


 

août 14, 2018 0 comentarios
AlchimiesMotsVidéos

Cacao Porcelana, graine indigène

by Crista Castellanos juillet 1, 2018
written by Crista Castellanos


Cela prendra dix-huit mois à l’arbre de cacao que nous voyons sur la photo, pour commencer à donner ses premiers fruits. Encerclé par d’autres arbres de cacao et a l’ombre de certaines palmes, ce plant fut semé en juillet 2015 dans la plantation Diosconmigo, où Daniel Carei fut élevé par ses arrières grands-parents. A quatre heures de route en contre bas, on arrive à Mingueo, le village le plus proche. Dans cette colonie de la Guajira, traversée par la route entre Santa Marta et Ríohacha, l’APOMD, (Association des producteurs Biologique de la Municipalité de Dibulla) qui réunit les agriculteurs et les producteurs, en compagnie de Slow Food, cherche à sauver les semences natives connues telle que le cacao porcelaine.
Il s’agit d’une variété originaire de la Sierra Nevada de Santa Marta dont l’habitat naturel se trouve au-delà de 200m au-dessus du niveau de la mer. Elle pousse près des sources d’eau, protégée par l’ombre des autres arbres et son tronc peut monter jusqu’à cinq mètres de hauteur à la recherche de lumière. Le cacao blanc ou criollo, est d’avantage rependu sur les terres indigènes. Sa fragilité et son temps singulier de fermentation, requière un processus artisanal, qui n’attire pas les gros producteurs de cacao industriel.


La majorité des variétés de cacao semées dans cette région du pays son vendues à la Nacional de Chocolates et proviennent de graines clonées. Des graines créées dans les laboratoires et introduites dans la région par Daabon, entreprise connue pour être impliquée dans des déplacements forcés et pour ses monocultures de palme africaine.Ces graines clones sont vendus aux agriculteurs dans un lot technologique qui requiert l’utilisation de produit chimiques et d’engrais qui modifient l’écosystème naturel de la région. A cela on ajoute le dommage causé sur la biodiversité par le fait que les paysans pratiquent la monoculture.
Mais ceci n’est qu’une petite partie du chemin parcouru par le cacao industriel. Il ne s’agit pas seulement du producteur des graines clonées mais aussi d’une sélection de graines laxiste. Les processus industriels s’attachent d’avantage à la quantité qu’à la qualité, les variétés sont mélangées sans scrupule au moment de la récolte. Une fois que les graines ont fermenté plusieurs jours puis séchées, elles sont passées à la toasteuse sans tenir compte des différentes tailles. Les petites graines brûlent, les grandes ne sont pas assez toastées et ainsi elles sont moulues toutes ensembles pour former une pâte. La pasilla ou la bagasse est exclue du processus artisanal, alors que dans le processus industriel elle est inclue.

 

 

A ce stade, déjà très loin de la saveur et de l’arôme originel du fruit, si nous ajoutons les divers conservateurs et aditifs généreusement ajoutés par l’industrie (chocolate light, instantané, saveur vanille, clou et cannelle…) cela mériterait de se demander quel est le pourcentage de cacao qu’il y a dans le chocolat que nous achetons.
Sont également innombrables les détails de l’histoire de la récupération du cacao porcelana. A t’il survécu grâce au manque d’importance commercial pour les industries chocolatières? A t’il survécu grâce au régime familial indigène, qui pendant des années l’ont inclus dans leurs préparations artisanales ? La Malanga, la guatila et le chachafruto sont d’autres exemples de fruits natifs qui n’ont pas une valeur commerciale importante et qui pourtant, sont des sources nutritives de grande qualité. Trois ans se sont écoulés depuis la première trouvaille de l’APOMD et le Slow Food à Dibulla. Pour Yarido Banquez, vice-président de l’association, ce fût très significatif, non seulement de sauver la semence mais aussi les formes traditionnelles de culture. Les pratiques telles que générer des engrais organiques, prêter attention aux étapes de la lune, varier les cultures et semer en triangle pour protéger la terre, en peu de mots : un type d’agriculture dans laquelle s’observe et s’applique ce que la nature elle-même fait depuis des siècles.
Au-delà des difficultés produites par la pénurie d’eau provoquée par le phénomène El Niño, le plus difficile selon Yarido c’est de semer la foi auprès des autres cultivateurs. Les mauvais résultats des entreprises étatiques et privées antérieures, ont généré de l’incrédulité chez les agriculteurs. Ce n’est pas facile de les convaincre de s’unir dans un processus qui implique du temps et de la persévérance.Ces producteurs de cacao sèment sans savoir s’ils verront les fruits. L’histoire du territoire leur a enseigné que tout peut changer en dix-huit mois. Ils pensent que la meilleure façon de construire la paix en Colombie est de reprendre les savoirs transmis par leur ancêtres. Certains d’entre eux étaient indigènes Arhuacos, aujourd’hui ce sont des agriculteurs conscients des conséquences néfastes de la révolution verte. Ils cherchent à affronter une économie qui les rend esclaves et qui génère des aliments qui enveniment la campagne. Ils choisissent alors en conscience les semences, ce qui révèle leur intention de se libérer et de libérer la terre.

 


Images et mots par Crista Castellanos. Un projet financé et développé par Slow Food International et IFAD.


juillet 1, 2018 0 comentarios
AlchimiesCréatricesVidéos

Le Tabac Sacré

by Crista Castellanos juillet 1, 2018
written by Crista Castellanos

 


Comment fumer le tabac d’une manière traditionnelle? A travers une recette simple, Darlin Pino doula et instructrice de yoga colombo-vénézuélienne, parle du pouvoir médicinal de cette plante masculine. Le tabac focalise et apaise les pensées. Elle n’élève pas, elle n’évade pas, elle ne disperse pas, au contraire, elle nous rappelle à la terre et nous mène à l’action.
Semé majoritairement par les esclaves africains, le tabac fut un des produits exportés le plus important pendant la colonisation. Avec le cacao et le café, ce fut le gagne-pain principal des évangélisateurs européens en Amérique. Durant la première guerre mondiale, face à la nécessite d’aider psychologiquement les soldats et faciliter la tâche de maintenir le doigt sur la gâchette (et pas en roulant des papiers), l’industrie des cigarettes s’est développée. Elle accrut également le nombre de soldat accros à la nicotine.
En 1987 l’OMS (Organisation Mondiale de la Sante) déclara le 31 mai comme la journée mondiale sans tabac. A travers cette initiative elle cherchait à « encourager une période d’abstinence de 24 heures sous toutes les formes de consommation de tabac dans le monde entier ». Toutes les formes de consommation de tabac? Qu’en est-il du râpé, l’ambil, le chimu et d’autres uses médicinaux de cette plante?
Jeter un coup d’œil aux campagnes annuelles de l’OMS laisse d’autres questions en suspens. Des phrases telles que “Alte au commerce illicite de produit tabatières” “augmenter les impôts du tabac” “Tabac mortifère en dessous de tous déguisements » laisse penser que ce que promouvait l’OMS et ses associés, était en réalité un acte diplomatique pour contrôler l’illégalité de la vente de cigarette. En d’autres termes, en contrôlant les impôts généré par ce grand commerce, se révèle une question économique plus qu’une problématique sociale. Pourtant la cigarette et le café continuent à être le couple star des économies grises. Palliatif du travail à la chaine où les journées se ressemblent, le vendredi est toujours loin et le lundi revient vite. Drogue socialement acceptable, placebo du nouvel esclavagisme qui reflète l’esprit de notre époque : prend, produit, consomme, rejette.
Mais les plantes et les semences transcendent le temps. Les traditions survivent parce qu’elles se transforment, elles prennent de nouveaux chemins et adoptent de nouveaux langages dans de nouveau contextes. Elles traversent les frontières entre les mains de ceux qui les coïncidèrent non seulement comme des médicaments mais aussi comme un esprit. La chanunpa sacrée ne meurt pas et son sens non plus : arriver à un accord.
Les herbes sèchent qui se mélangent au tabac de maïs ont un effet tant au niveau physique que psychique. Connaître ses qualités et la manière par laquelle elle est utilisée par les grands-mères sahumadoras, est fondamentale si on veut faire notre propre tabac de maïs avec des intentions spécifiques. De la même manière que la respiration lente et profonde nous ramène au présent, fumer du tabac de manière consciente (sans aller jusqu’aux poumons, le soutenant comme un aliment et sans le tourner) nous amène à écouter avec attention ce que nous disons et pensons. Nous explorons ainsi d’autres formes de nous mettre en relation avec cette plante, depuis la perspective de la tradition ancestrale du continent américain. Le grand père tabac était avant tout un être, un conseillé, un compagnon présent dans les dialogues humains.

 

 

juillet 1, 2018 0 comentarios

A propos de moi

A propos de moi

Crista Castellanos

Le sens de ma vie est celui de créer et de communiquer. Je le fais à travers les images, les vidéos et les mots.... Lire plus...

Sigue mí contenido

Facebook Instagram Pinterest Youtube

Más artículos

  • So Purkh, une expérience personnelle
  • Entretien avec Keltoum Walet
  • Cacao Porcelana, graine indigène
  • Le Tabac Sacré

Instagram

  • Facebook
  • Instagram
  • Pinterest
  • Youtube
  • Whatsapp
  • Stumbleupon
Crista Castellanos
  • Alchimies
  • Créatrices
  • Yoga
  • Images
  • A propos de moi
  • English
  • Español
  • Français

Shopping Cart

Close

Votre panier est vide.

Close

Contáctame.